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Ergothérapie et santé mentale : l’histoire de Mélanie, infirmière auxiliaire.

Ergothérapie et santé mentale : l’histoire de Mélanie, infirmière auxiliaire.

Vous avez été référé chez IMPACT RÉADAPTATION en ergothérapie en santé mentale, et n’avez aucune idée de ce que ça mange en hiver un ergothérapeute? Pour mieux vous expliquer, voici l’histoire de Mélanie et de son parcours chez IMPACT RÉADAPTATION…

Mélanie travaille comme infirmière auxiliaire en CHSLD depuis maintenant 12 ans à temps plein et de jour. Elle est mère de deux jeunes garçons de 4 et 7 ans. Elle a un conjoint qui travaille à temps plein et pas toujours avec un horaire stable. Avant la pandémie, elle pouvait compter sur ses parents pour donner un coup de pouce au besoin (garder les enfants quand elle fait du temps supplémentaire par exemple). Mélanie adore son travail, malgré que depuis quelques années, elle se sent de plus en plus essoufflée (surcharge au travail, manque de personnel). Mais Mélanie a toujours été débordante d’énergie, menait plusieurs projets de front et était toujours là pour aider les autres, même si ce n’était pas toujours réciproque. Mélanie aime le travail bien fait et, au travail, elle avait tendance à anticiper tous les besoins de ses patients et de ses collègues. Son travail était irréprochable! Parfois elle pouvait se sentir irritée devant certaines collègues qui étaient moins efficaces, mais elle ne disait rien. Mélanie n’aime pas trop les conflits et, au travail, elle sent qu’une atmosphère plus tendue s’est installée depuis quelques temps. Puis, les vacances de Noel sont arrivées et Mélanie n’a fait que dormir. Elle retourne au travail sans avoir l’impression de s’être reposée. L’hiver est arrivé et, vu que Mélanie n’aime pas l’hiver, elle passe plus de temps devant la télévision et n’a envie de rien faire. Mais bon, tous les hivers c’est un peu comme ça, puis ça finit par passer!

BAM, la pandémie frappe à la porte du Québec et l’anxiété augmente de plus belle : manque de personnel, surcharge, difficulté à ne pas penser au travail quand elle est à la maison, début d’insomnie. Rien ne va plus. Mélanie craint pour la santé de ses enfants et la santé de ses parents qui gardent ses enfants. Un matin en se rendant au travail, elle sent des palpitations et le souffle court pendant qu’elle conduit. En rentrant dans le centre, elle commence à pleurer, incapable de s’arrêter. Elle consulte un médecin, malgré un gros sentiment de culpabilité. Jamais elle n’aurait cru que ça aurait pu lui arriver! Son médecin lui prescrit un antidépresseur et un mois d’arrêt de travail avec comme diagnostic : Trouble d’adaptation avec humeur anxio-dépressive. De plus, Mélanie commence un suivi avec un psychothérapeute du Programme d’Aide aux employés une fois par semaine.

Les semaines qui suivent, Mélanie ne veut qu’une chose : dormir. Mais ses enfants sont à la maison, et veulent de l’attention! Mélanie vit de la culpabilité, elle se sent triste et en colère. Elle est irritable avec ses garçons et n’a envie de rien faire. Tout est une montagne! Pendant quelques mois, Mélanie ne sent pas que les choses vont en s’améliorant. Elle a des effets secondaires de la médication, n’a toujours pas réussi à dormir de vraies bonnes nuits. Elle ne veut plus sortir pour faire l’épicerie, car la dernière fois elle s’est sentie très mal et a dû partir avant d’avoir pu terminer! Mélanie sent qu’elle a un nuage noir au-dessus de la tête et ne souhaite voir personne! Elle se sent paresseuse, et la nuit elle ne pense qu’à tout ce qu’elle a à faire le lendemain. Le comble de tout! Rien ne va plus dans les CHSLD. Elle se sent coupable de ne pas être là avec ses collègues, mais elle ne peut pas imaginer comment un jour elle pourra retourner faire son travail! Après environ 3 mois d’arrêt de travail, les suivis avec la psychothérapeute du PAE sont maintenant terminés. Mélanie voit que la médication commence à aider (elle pleure un peu moins, et se sent moins fébrile quand elle est chez elle).

« Le comble de tout! Rien ne va plus dans les CHSLD. Elle se sent coupable de ne pas être là avec ses collègues, mais elle ne peut pas imaginer comment un jour elle pourra retourner faire son travail! »

Des cas comme ceux de Mélanie sont fréquents pour nous chez IMPACT RÉADAPTATION. La personne qui réfère Mélanie chez nous a identifié qu’elle présente possiblement des besoins en réadaptation. C’est là que l’évaluation des capacités fonctionnelles en ergothérapie entre en ligne de compte. Suite à cette évaluation, l’ergothérapeute fais ses recommandations : 8 suivis individuels et hebdomadaires, en plus d’un suivi en psychothérapie.

Lors du premier rendez-vous, l’ergothérapeute et Mélanie élaborent ensemble un plan d’intervention et des objectifs thérapeutiques. Ici, l’ergo explique à Mélanie que les objectifs doivent être fonctionnels, en lien avec la reprise d’activités et d’occupations importantes pour elle. Lors des prochains suivis, l’accent est mis sur :

  • L’enseignement et la mise en place de bonnes habitudes de sommeil;
  • L’enseignement et la mise en place de stratégies de gestion du stress au quotidien;
  • Établir un horaire/routine pour les tâches ménagères;
  • Intégrer l’activité physique car c’est un antidépresseur et un bon moyen de gestion du stress : Mélanie n’est pas sûre. Elle a peu d’intérêt, et a dit n’avoir jamais réussi à maintenir sa motivation quand elle s’abonnait au gym. L’ergo explore avec Mélanie ce que veut dire pour elle bouger? Comment est-ce que bouger peut être plaisant? Avec l’aide de l’ergo, Mélanie se donne donc l’objectif de faire 15 minutes de marche à tous les jours en écoutant de la musique ou un balado.
  • Libérer du temps au moins une fois par semaine pour faire une heure de dessin (activité plaisante pour Mélanie qui a arrêté de dessiner depuis qu’elle a eu ses enfants).

« L’ergo explore avec Mélanie ce que veut dire pour elle bouger? Comment est-ce que bouger peut être plaisant? »

À tous les rendez-vous, Mélanie part avec quelques devoirs et objectifs, mais au début elle se bute à un mélange d’émotions. Elle ne réussit pas toujours à atteindre ses objectifs et se sent parfois découragée. Elle accepte tranquillement, que pour se rétablir, elle va devoir faire les choses autrement, avec bienveillance et compassion envers elle-même. Elle demande plus d’aide, apprend à gérer quelques symptômes de stress et peut maintenant recommencer à faire l’épicerie. Plus elle écoute ses limites et ses symptômes, plus elle réalise qu’elle en fait un peu plus tous les jours. Parfois, il y a des mauvaises journées, mais elle ne se sent plus aussi submergée par ces émotions. Elle a maintenant des trucs pour accueillir davantage ces émotions. Après quelques semaines, il est proposé à Mélanie de venir en clinique pour un programme de réactivation appelé le programme É-Motion. Mélanie rencontre à ce moment un kinésiologue qui va l’aider à se remettre en forme physique (les derniers mois ont été durs sur sa condition physique). Elle vient 3 fois par semaine en clinique passer 3h l’avant midi. Au début, ce n’est pas facile. Voir des gens, devoir sortir de chez elle et prendre la route, faire la routine du matin avec ses enfants. Ouff, l’anxiété recommence. Mais Mélanie sait maintenant quoi faire, et en arrivant en clinique les intervenants sont là pour l’aider à se rappeler des outils qu’elle a maintenant appris pour mieux gérer le stress. Finalement après quelques semaines au programme, Mélanie sent qu’elle se retrouve enfin. Elle recommence à rire, a envie de jouer avec ses enfants, a repris le gout à cuisiner. Elle a repris confiance en elle, et commence même à s’ennuyer à la maison. Elle pense au travail. Par contre, elle se sent encore anxieuse : et si rien n’a changé et qu’elle se fatigue à nouveau? Qu’est ce que ses collègues vont penser d’elle si elle est plus lente ou moins efficace? Et si elle faisait des erreurs ?

Avec son ergothérapeute, Mélanie explore les stresseurs du retour au travail et ensemble elles élaborent un plan de retour au travail progressif. Elle craint qu’au travail on ne respecte pas ses limites. Elle se demande même si elle veut garder son emploi ou s’il serait mieux de changer. Elle explore cette alternative, les pours et les contre. Elle décide de retenter sa chance en CHSLD, mais de garder un œil ouvert sur d’autres postes. Comme ça, elle saura qu’il y a d’autres alternatives si ses craintes s’avèrent réelles.

« Avec son ergothérapeute, Mélanie explore les stresseurs au retour au travail et ensemble elles élaborent un plan de retour au travail progressif. »

Finalement, après 2 mois de thérapie chez IMPACT RÉADAPTATION, Mélanie rencontre son médecin qui approuve le plan de retour au travail progressif. Ce qui soulage Mélanie c’est qu’elle regarde une semaine à la fois, et que le plan peut être modifié au besoin si ça ne se passe pas bien. Mélanie brise la glace et traverse sa première semaine au travail. Elle est fatiguée, mais soulagée car elle réalise qu’elle n’a pas tout oublié, et que les réflexes sont vites revenus. Elle continue à avoir des suivis ponctuels avec l’ergo pour adresser les problèmes qui surviennent au fur et à mesure. Il arrive parfois que Mélanie passe des journées plus difficiles; au travail il y a encore des tensions et une surcharge. Par contre, Mélanie est plus indulgente avec elle-même, et donne maintenant son 100% plutôt que son 200%. Elle est davantage capable de demander de l’aide à ses collègues. Par-dessus tout, quand Mélanie rentre chez elle, elle a maintenant des outils pour mieux lâcher prise sur les problèmes au travail, ce qui l’aide à être vraiment présente avec ses enfants, à prendre plaisir dans les petits moments du quotidien.

Marly Pinto
Ergothérapeute

L’histoire de Mélanie est fictive, mais si elle ressemble à votre histoire, soyez assurés que le succès de l’approche interdisciplinaire utilisée chez IMPACT RÉADAPTATION n’est pas fictif!

Voici également des ressources ou vous pouvez trouver des témoignages de personnes qui, comme vous, sont passés par des périodes difficiles, parce que l’espoir ça se cultive!

Impact Réadaptation